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vendredi 2 mai 2014

Vers un nouveau journalisme

Par Agnès Chauveau
Avec ou sans papier, le journalisme n’est pas mort ! Mais si l’on veut assurer sa survie, il convient de valoriser l’information en tant que bien public et d’engager une réflexion sur le rôle civique de la presse dans nos démocraties à l’heure de la mondialisation.

« La société n'a pas besoin de journaux. Ce dont nous avons besoin, c'est du journalisme. »

Pour sauver ce qui reste du journal, les éditeurs de presse placent leurs espoirs dans la tablette numérique d’Apple. L’objet, auquel on prête des vertus quasi magiques, vient bouleverser les règles du jeu. Lancé au printemps 2010 et déjà vendu à 40 millions d’exemplaires moins d’un an après, l’iPad s’est avant tout imposé comme un outil de consommation de médias. Des centaines de journaux et de magazines de tous les pays ont investi dans la création de versions multimédias spécialement adaptées à cet outil. Plus encore, des journaux conçus exclusivement pour l’iPad sont apparus, à l’instar deThe Daily lancé début 2011 par le groupe Murdoch. L’abonnement coûte 1 dollar par semaine ou 40 dollars par an. En novembre, The Daily comptait 120 000 lecteurs par semaine, dont 80 000 abonnés payants. Selon les chiffres publiés par Murdoch lors du lancement, le seuil de rentabilité se situe à 500 000 exemplaires vendus.

Une révolution multiforme

Mais la révolution de l’information dépasse de loin le seul horizon des transpositions des nouvelles sur des tablettes numériques. Comme l’écrivent Bruno Patino et Jean- François Fogel : « Une presse neuve est née sur Internet. Et la presse n’a pas entamé un nouveau chapitre de son histoire, mais bien une autre histoire, sous le régime d’Internet. » La révolution de l’information s’est opérée en une dizaine d’années. Comme le souligne Éric Scherer, pratiquement tout ce qui bouleverse et restructure les médias et les métiers du journalisme aujourd’hui n’existait pas en 2000. La liste qu’il dresse est éloquente : « connexions Internet à haut débit, blogs, podcasts, flux RSS, Google News,Gmail, YouTube, Facebook, Twitter, iTunes, l’univers des applications, les écrans plats, la HD, la 3D, le Wifi, la géolocalisation, les métadonnées, l’iPod et le BlackBerry, les tablettes, Android, l’iPad, les lecteurs e-book, le streaming vidéo, la télévision connectée… ».

Cette révolution est multiforme. Elle passe d’abord par une révolution sociale qui a vu les internautes et les lecteurs prendre le contrôle de l’information. 

 

Le règne de l’audience

Avec le Web 2.0, l’audience règne en maîtresse sur l’information. Les nouveaux outils ont permis une véritable démocratisation de l’écriture publique, qui bouleverse le processus de fabrication de l’information autant que les missions sociales du journaliste. En moins d’une décennie, tout le monde est devenu éditeur et les journalistes ont en partie perdu leur statut d’historien du temps présent. L’information, délivrée en flux, est désormais abondante et la « fraîcheur » prend le pas sur la hiérarchisation des données. Les internautes sont confrontés à un déluge de sources de natures variées, parmi lesquelles il leur faut faire un tri. Aux sites d’information traditionnels, ceux des grands journaux et magazines, se sont ajoutés les pure players – ces sites Web d’information sans édition papier comme Mediapart, Slate, Atlantico, Newsring, Quoi.info et bientôt leHuffington Post français – les blogs, les réseaux sociaux, les moteurs de recherche… La logique de l’offre qui prévalait jusqu’alors a été en partie remplacée par une économie de la demande. Les modes de consommation de l’information ont également changé : chacun construit désormais, sur Internet et sur mobiles, sa propre chaîne d’information composée de fragments de médias traditionnels, de blogs et de multiples autres sources.

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